La fête de la Nativité de Saint Jean

1er juin 2021

La fête de la Nativité de saint Jean Baptiste

Pour les Églises catholiques et orthodoxes, la fête du 24 juin, six mois avant Noël, célèbre la Nativité de Jean Baptiste, cousin de Jésus Christ.

L’église catholique, assistée par le pouvoir des empereurs et des rois a d’abord cherché à interdire les feux solsticiaux et les rites païens pratiqués à cette occasion. Ainsi, vers le milieu
du VIIe siècle, saint Éloi dans l’un de ses sermons les prohibait vigoureusement : « Que nul, à la fête de saint-Jean ou dans des solennités quelconques, ne célèbre les solstices et ne se livre à des danses tournantes ou sautantes, ou à des caraules, ou à des chants diaboliques » (Nullus in festivitate sancti joannis, vel quibuslibet solennitatibus, solstitia, aut vallationes vel saltationes, aut caraulas, aut cantica diabolica exerceat)4

L’Église catholique, assistée par le pouvoir laïque, a ensuite christianisé la pratique païenne, tout en condamnant, plus ou moins vivement, les feux sacrilèges païens (par exemple explicitement condamnés par le capitulaire de 742 édicté par Karloman et contenant des dispositions prohibitives relatives aux coutumes païennes, lesquelles incluaient « ces feux sacrilèges qu’on appelle nied fyr », nied fyr signifiant feux de joie 5,6 ou certains rituels associés (dont l’allumage des feux solsticiaux par le frottement du bois7, par opposition aux feux normaux, allumés par un silex frotté contre un briquet d’acier)6. Allumer un feu par le frottement du bois était considéré

au VIIIe siècle par l’auteur anonyme de l’ lndiculus superstitionum et paganiarum comme une pratique païenne et sacrilège.

Avant le concile de Trente, la fête de la Nativité de saint Jean Baptiste semble avoir été précédée par un temps de jeûne d’une durée mal connue, attesté aux IXe et XIe siècles, et qui n’aurait pas encore tout à fait disparu à la fin du XIIIe siècle. La veille, 23 juin, est une vigile où l’on jeûne et dispose d’une messe spécifique, où est lu le récit de l’apparition de l’ange Gabriel à Zacharie, ainsi que le récit de la vocation de Jérémie8.

Le sacramentaire léonin, au VIe siècle, indique pour le jour de la fête deux messes au choix, et deux autres, également au choix, pour la célébration au baptistère du Latran, consacré à saint Jean Baptiste. Au IXe siècle, les sacramentaires comptent la fête de la Saint-Jean-Baptiste comme l’une des plus importantes de l’année. Au total, on célèbre trois messes à cette occasion : celle de la veille, celle de la nuit et celle du jour. À Rome, la messe de la nuit est célébrée au baptistère du Latran. La plupart des textes chantés lors des messes ou de l’office sont tirés des évangiles ou des prophètes8. La messe du jour, la plus solennelle, dispose d’une séquence.

Au cours du temps, l’usage de la messe de la nuit disparaît et elle est définitivement supprimée lors du concile de Trente, avec la séquence de la messe du jour. Les textes de la messe de la veille et du jour même restent les mêmes qu’auparavant, tirés pour la plupart de l’Évangile de Luc et des prophètes Isaïe et Jérémie.

La fête dispose d’une octave, le 1er juillet.

Depuis la réforme liturgique de 1969, la Nativité de saint Jean Baptiste a le rang d’une solennité, c’est-à-dire qu’elle compte parmi les fêtes les plus importantes de l’année.

La fête de la Saint-Jean d’été, traditionnellement accompagnée de grands feux de joie, (ignés jucunditatis en latin) ; nied fyr ou feux de la Saint-Jean, est la fête de Jean le Baptiste.

Elle est proche du solstice d’été dans l’hémisphère nord, qui a lieu le plus fréquemment le 21 juin, exceptionnellement le 19 juin (prochaine occurrence en 2488), rarement le 20 juin (occurrences en 1896, 2008 et 2012) et le 22 juin (occurrences en 1975, au début du XXIIIe siècle puis en 2302).

Le solstice d’été est fêté depuis longtemps, originellement en lien avec le culte du soleil. Les feux de solstices ou feux solsticiaux païennes, étaient au Moyen Âge allumés aux points de croisement des chemins, dans les champs, pour empêcher que les sorcières et magiciennes n’y passent pendant cette nuit ; on y brûlait parfois les herbes cueillies le jour de la Saint-Jean, contre la foudre, le tonnerre, les orages et l’on pensait écarter par ces fumigations les démons et les tempêtes »1. Après avoir tenté d’empêcher cette fête païenne, l’Eglise catholique l’a christianisé en la dédiant à Saint-Jean, mais sans participer aux rituels délictuels qui se sont conservés au moins jusqu’au XIXe siècle dans une grande partie de l’Europe.